Parmi de nombreuses premières parties, Zora fit celle de Zazie. Seul le voisinage syllabique pourrait pourtant les rapprocher dans la famille des chanteuses en Z. Quand l'une, Parisienne, arrime ses jeux de mots à une pop d'obédience anglo-saxonne, la seconde, provinciale, tend à une chanson française aux contours méditerranéens. Avec une langue claire comme une maison de verre, «cash» dirait cette jeune mère d'origine algérienne, Zora poursuit en musique son désir de «dédramatiser». «Même quand tout part en live, il faut maîtriser ses sentiments», dit-elle, vêtue de baskets gazelle, jeans et veste en cuir.
Née à Roubaix dans un milieu ouvrier, l'ancienne élève du conservatoire d'art dramatique de Tournai (Belgique) chante avec autant d'altruisme qu'elle animait des ateliers d'improvisation théâtrale dans les quartiers difficiles. Avec Jean-Philippe Courtois, l'auteur de ses chansons, elle a monté des pièces pour les enfants. «Ma mère m'a communiqué le goût des histoires. Allongée sur un matelas, je l'écoutais durant des heures. Ayant souffert de la guerre d'Algérie, elle m'a appris qu'on pouvait intégrer, dépasser, tirer une sagesse de ses malheurs.»
Ancrage. Sept soeurs et un frère constituent la famille dont Zora Bensliman fait le point d'ancrage d'un premier album. Entraîné par un choeur smala («Tous mes frères, mes frères et mes soeurs, sont tous dans mon coeur, oh je me souviens (bis)...») et réalisé par Stefan Mellino, guitariste des Négresses vertes, Bout de terre offr