La répétition s'est bien passée, et Bernard Haitink reçoit dans sa loge du Théâtre Mogador. Cela fait vingt-cinq ans que le chef néerlandais n'a pas dirigé l'Orchestre de Paris, alors qu'il a donné ces dernières années, avec le National de France, des concerts mémorables, consignés sur CD, tels Pelléas et Mélisande avec Anne-Sofie von Otter, ou une Sixième de Mahler animée d'un souffle puissant.
«Scandaleuse». Propulsé très jeune à la tête du Concertgebouw d'Amsterdam, puis directeur du Covent Garden de Londres pendant un quart de siècle, Haitink est capable de transformer un orchestre en trois répétitions, de le galvaniser dans des oeuvres qu'il connaît par coeur ou pour lesquelles il n'est, a priori, pas taillé. Ce n'est pourtant pas de son parcours musical que Haitink veut parler. Mais de la situation «scandaleuse» de Paris : «Une ville qui se veut culturelle et ne dispose pas de salle pour son orchestre. Mogador n'est pas satisfaisant, et le Théâtre des Champs-Elysées où joue le National, non plus.» Après tout, après la mort de Charles Munch, la formation municipale a été dirigée par «rien moins que Karajan, Solti et Barenboim». Preuve, selon Haitink, que «les talents sont là». Grâce à sa mère belge, professeur de français et secrétaire de l'Alliance française d'Amsterdam, il s'est ouvert très tôt à Debussy et Ravel, ce qui lui sera utile lorsqu'il succédera à Mengelberg à la tête du prestigieux Concertgebouw. Son métier, il l'a appris avec Felix Hupka, qui dirigeait l'Or