Si Zazie n'est plus une gamine, nonobstant la connotation littéraire de son pseudo, elle n'en demeure pas moins une artiste dans le coup. Pour preuve, comme il est écrit sur les affiches de son nouveau spectacle, stationné presque deux mois à Paris: Zazie squatte au Bataclan. «Squatte», et non pas «s'installe», ou «chante», ou «se pro duit». Nuance. D'abord vérifiable à l'extérieur de la salle, avec quelques oripeaux accrochés au fronton; puis à l'intérieur, où des tables ont été disposées, recouvertes d'une toile cirée. Sur scène, dans un même ordre d'idée, c'est aussi l'esprit «popu» qui prévaut... à 49 euros le ticket (34,5 pour les moins fortunés): lit défait, abat-jour chinois, ceintres, bouquets de fleurs, mappemonde éclairée... Parfaite déclinaison de l'esprit «bobo» qu'on situera ici plus aisément chez Antoine et Lili (boutique branchouille du canal Saint-Martin) que dans quel que vide-grenier de la Creuse.
Décalée. Quoi qu'il en soit, Zazie se veut ré-so-lu-ment décalée. C'est un peu sa marque de fabrique. Son noeud gordien aussi: les deux pieds dans le people le plus impitoyable (lignée Obispo-Lolo Boyer femme émancipée, abon née des magazines, qui expose sa grossesse sur les plateaux télé, etc.) et cette nécessité impérieuse de signifier sa «clairvoyance» eu égard, notamment, à un QI des plus respectables. Ainsi, quand elle parle (beaucoup) entre deux chansons, c'est pour ironiser: «On m'a dit que pour réussir, c'est commerçant de changer d'habits et de lumières