Le Caire de notre correspondante
«C'est probablement une des plus belles tombes amarniennes (1) d'Egypte.» L'égyptologue Alain Zivie cache mal son excitation, tandis que les ouvriers achèvent de démolir le mur de briques rebâti après chaque journée de travail pour protéger la dernière merveille mise au jour sur le plateau de la nécropole royale de Saqqarah : la tombe de Raïay, «scribe du trésor du temple d'Aton à Memphis».
Découverte cet hiver par le chercheur du CNRS et son équipe de la mission française du Bubasteion (financée par le ministère des Affaires étrangères), elle ne recèle ni trésor ni sarcophage et n'a probablement jamais été utilisée. La trouvaille, cependant, est passionnante puisqu'elle est reliée à l'époque troublée et méconnue d'Akhenaton.
Né Aménophis IV, roi au visage anguleux et aux yeux de faon, puis pharaon au ventre tombant et aux cuisses énormes, époux de l'éternelle Néfertiti, il est souvent présenté comme le précurseur du monothéisme. Il est rarissime de découvrir des témoignages de son règne ailleurs que dans sa ville sainte, Tell el-Amarna. D'où la surprise de mettre au jour aujourd'hui cette tombe située à 300 kilomètres de là, sur le site de Saqqarah, près du Caire.
Depuis vingt ans, Alain Zivie inspecte cette falaise percée de trous, mur de calcaire longtemps jugé sans intérêt. Surplombant une verte mer de palmiers, c'est un coin de sable abandonné, à quelques centaines de mètres de la pyramide à degrés de Saqqarah, oeuvre du génial Imhotep.
Tréso