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Libération

La maison Meyerhold perd son âme

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Mort de la petite-fille du metteur en scène russe, directrice du musée.
publié le 11 février 2003 à 22h12

Maria Alexeïvna Valenteï est morte à 79 ans, le 18 janvier. Quand elle ouvrait la porte de l'appartement moscovite de son grand-père, l'homme de théâtre Vsevolod Meyerhold, le visiteur était frappé par ses yeux, clairs et bleus. Ceux de son grand-père. Elle avait 14 ans quand on arrêta Meyerhold, en juin 1939 ; 17 quand sa grand-mère (Olga Munt, la première femme du metteur en scène) fut envoyée en camp. Elle-même partit en Sibérie. Très tôt, elle se battit pour qu'on réhabilite son grand-père (fusillé en 1940), l'un des grands du théâtre russe, l'élève, puis le rival, enfin l'égal de Konstantin Stanislavski. Mais si ce dernier fut honoré jusqu'à devenir dogme, longtemps l'apport considérable de Meyerhold fut nié par les autorités soviétiques. Sa petite-fille lui doit beaucoup.

Béatrice Picon-Vallin, qui a traduit et publié Meyerhold, était devenue l'amie de Maria et l'avait invitée à Paris en novembre 2000 pour un symposium autour de son grand-père. «Lors du procès en réhabilitation de Meyerhold, elle avait collecté des témoignages écrits à verser au dossier, raconte Béatrice Picon-Vallin. Elle se souvenait des sanglots de Chostakovitch, trop ému. Après la réhabilitation juridique de Meyerhold en 1955, elle avait continué pour qu'il soit réhabilité politiquement (et réintégré au Parti communiste) puis artistiquement. N'ayant peur de rien, elle avait consulté au KGB le dossier de son grand-père, le 537. Au début des années 90, elle avait réussi à ce que le musée théâtral Bakh