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Libération
Critique

Où les routes s'arrêtent

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publié le 13 février 2003 à 22h13

Routes est le quarante-septième livre de Bernard Plossu, né en 1945 à Dalat (Sud-Vietnam) et vivant aujourd'hui à La Ciotat, ville des frères Lumière, après avoir vagabondé autour du monde, cheveux longs, dès son bac philo en poche. «Je ne peux pas ne pas voir, donc je produis énormément», dit Plossu, tout en mouvements joyeux, genre Fanfan la Tulipe. «Mais pas en quantité industrielle, non, en quantité poétique. D'ailleurs, ce livre-là, j'ai mis du temps à le faire. Un livre, ça ne se ficelle pas, ça se réfléchit très longuement.» Paru juste après Forget Me not (1), somptueux recueil de photographies iné dites, Routes s'emploie à voyager dans l'espace en cent photographies, de 1966 à 2000. Tout est en noir et blanc, pris en roulant ou en marchant, avec un objectif 50 mm, pratiquement au 1/1 000 de seconde, sauf les images de nuit au 1/15 de seconde.

Familiarité. Plossu aime à se définir comme «un photographe à l'air libre et un photographe de tous les instants». Depuis son premier livre, le Voyage mexicain, il ne cesse de mettre en pratique cette liberté en cassant les frontières de la vision orthodoxe, en désacralisant l'image même, car il n'hésite pas à utiliser des appareils bon marché, voire des jetables. D'où, probablement, la familiarité qui émane de son travail avec, en plus, ce style chaleureux et romanesque qui n'appartient qu'à lui. Depuis ses premiers clic-clac avec son Brownie Flash, l'adolescent cinéphile qui voulait devenir François Truffaut s'essaie à a