Roger Méguin n'est pas femme de ménage, mais danseur. Pourtant, pendant deux ans, même s'il touchait le RMI, il a fait du repassage en échange d'une chambre de bonne à Paris. «C'est vraiment dur, dit-il, surtout quand ça t'arrive à 50 ans.» Aujourd'hui, cinq ans plus tard, il enseigne au conservatoire de Beauvais et à l'Ecole nationale de La Rochelle, toujours entre deux trains. Mais il n'est pas homme à se plaindre, s'estimant chanceux de n'avoir aucun problème de santé, malgré son paquet de cigarettes quotidien.
Bons pour la casse. Comme beaucoup d'autres danseurs, Roger Méguin n'avait pas pensé à la retraite, ni prévu de reconversion, ni même imaginé un jour s'arrêter de danser. Au mépris du plus évident des truismes: la danse est un métier physique, dont l'outil de travail repose entier sur le corps de l'interprète et son bon fonctionnement, où chacun doit répondre aux exigences des chorégraphes et à l'émulation au sein des compagnies. Alors, que font les danseurs une fois qu'on les a jugés bons pour la casse? Rien n'est prévu pour les accompagner vers ce vieil lissement «prématuré», en regard de la plupart des autres professionnels du spectacle vivant. Rien non plus pour encadrer une retraite «anticipée», puisque les danseurs sont soumis au régime général, comme n'importe quel autre travailleur. Ceux qui souffrent de problèmes physiques se retrouvent donc vite le bec dans l'eau.
En 1993, quand la compagnie Cremona Méguin met la clef sous la porte, Roger Méguin, à 46 ans,