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Libération
Interview

Delicate Cat Power

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Autour de son quatrième album, rencontre avec la chanteuse rock américaine.
publié le 18 février 2003 à 22h20

Elle fait antirockeuse. Au point qu'on pourrait passer à côté d'elle et remarquer la joliesse de son apparence ­ y compris lorsque celle-ci va se fourrer dans une paire de bottes éculées et des ongles coupés ras, mais peints en vermillon vif ­ sans rien y repérer d'une «pose», censée faire la césure avec le commun des mortelles. Chan Marshall, 32 ans, trois albums sous le nom de Cat Power (avant celui du jour) depuis 1996, dont un de reprises (Rolling Stones, Lou Reed, Bob Dylan...), n'a pris aucune des attitudes que la ville exige après la scène. «Ne t'amourache pas d'un autographe», dit-elle dans son dernier CD, You are Free. Injonction que ce nouvel ouvrage file d'une voix calme, sans affect, ni vibrato d'aucune sorte, et dont la simple écoute vous visse jusqu'à nouer plus d'une fois la gorge.

Et ce, dès le premier morceau, à tomber (I Don't Blame You) : «La dernière fois que je t'ai vu, t'étais sur scène, les cheveux fous, les yeux rouges, en rage [...] parce qu'ils voulaient entendre ce son que tu n'avais pas envie de jouer. [...] Quel prix cruel à payer, tout ça pour cette merde sur scène.» Ces paroles assassines sont énoncées tranquillement, en gros plan sur fond d'arrangements subtils, fantomatiques.

Le dernier album de Cat Power donne à rêver ce que pourrait être la chanson en américain, hors des catégories préfabriquées, ici contextualisée par quelques accords de guitares, notes de piano, un bruissement de batterie, l'écho d'une autre voix, féminine ou masculine (Evo