New York intérim
Elles sont ravies. Epuisées, certes, un peu sur la défensive, mais ravies. Christine Dakin et Terese Capucilli, les directrices artistiques de la Martha Graham Dance Company, ont réalisé un tour de force. Fin janvier, pendant deux semaines, l'illustre compagnie s'est produite à New York pour la première fois depuis quatre ans. Le programme, avec quinze chorégraphies, était ambitieux : depuis les ballets exclusivement féminins des années 20 et 30 au joyeux Maple Leaf Rag de 1990, en passant par les solos de l'une des plus belles danseuses du XXe siècle et les classiques à la gloire de l'Amérique. Sans oublier les pièces théâtrales de l'après-guerre, inspirées des mythes grecs et de la psychanalyse jungienne.
De nombreux danseurs incarnaient ces rôles délicats pour la première fois. «C'était tout ou rien», revendique Dakin, une femme menue et vigoureuse qui interprète toujours, à 52 ans, les personnages que la chorégraphe avait conçus pour elle-même. «Nous ne voulions pas que la compagnie paraisse réduite. Finalement, nous avons bien fait de prendre ce risque.» Devant un public de connaisseurs, les interprètes sont en effet globalement parvenus à restituer la rigueur formelle de Graham, son intensité dramatique et sa puissance viscérale.
Os pelvien. Il y a encore six mois, l'avenir de la plus ancienne compagnie américaine, créée en 1926, restait dans les limbes. Le bras de fer qui opposait l'unique héritier de la chorégraphe, Ronald Protas, et le Martha Graham Ce