Menu
Libération

Blanchot s'efface

Article réservé aux abonnés
Le plus secret des écrivains français est mort chez lui, près de Paris, jeudi, à 95 ans.
publié le 24 février 2003 à 22h36

Longtemps, on a craint que Maurice Blanchot pousse la discrétion jusqu'à décider que sa mort passerait inaperçue, jusqu'à effacer l'effacement même, selon sa propre formule. C'est vendredi que la nouvelle de sa disparition a commencé à circuler : un étudiant de ses voisins, qui rendait quotidiennement visite à l'écrivain, avait laissé un message sur un répondeur téléphonique de France Culture pour dire qu'il était mort. Le décès a été confirmé durant le week-end par des proches, mais il n'a pas été, semble-t-il, question de l'annoncer officiellement. Alors que Blanchot avait jeté un interdit sur le récit de sa vie, serait-il possible de révéler sa mort ? Pour lui, l'homme derrière l'écrivain était sans intérêt et seule l'oeuvre avait une réalité susceptible d'être commentée.

Comme on peut le lire notamment dans Après coup, «si l'oeuvre écrite produit et prouve l'écrivain, une fois faite elle ne témoigne que de la dissolution de celui-ci, de sa disparition, de sa défection et, pour s'exprimer plus brutalement, de sa mort, au reste jamais définitivement constatée : mort qui ne peut donner lieu à un constat.»

Par respect et fidélité, l'entourage de Maurice Blanchot a décidé de ne pas faire de déclaration avant les obsèques, qui devaient avoir lieu ce lundi matin. Il était le dernier des écrivains d'une génération où Marguerite Duras et Dionys Mascolo côtoyaient Emmanuel Lévinas, Michel Leiris, Louis-René des Forêts ou Pierre Klossowski. L'amie la plus proche de ses dernières anné