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Libération

Le «point d'appui» des mots

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Dans un livre, Leslie Kaplan tire la leçon de «l'Espace littéraire».
publié le 24 février 2003 à 22h35

J'ai toujours eu le sentiment d'être écoutée par les mots de Blanchot, accueillie, écoutée, soutenue et poussée en avant.» Ainsi Leslie Kaplan, dans les Outils, recueil d'interventions, d'essais et articles, qui vient juste de sortir, exprime-t-elle sa reconnaissance à l'égard de l'auteur de l'Espace littéraire.

Quelle est la leçon de Maurice Blanchot, retenue par trois générations d'écrivains depuis la guerre, dont celle des soixante-huitards à laquelle appartient Leslie Kaplan ? Le sens de l'ouvert, répond en substance l'auteure de l'Excès-l'usine, son premier livre, dont elle avait adressé le manuscrit à Maurice Blanchot. Garder l'oeil ouvert, si possible sur l'insoutenable, et maintenir la plaie ouverte. Ne pas résoudre les contradictions, mais au contraire s'y tenir.

Si le désespoir est le mot-clé de cette aventure, écrire (verbe définitivement intransitif et assimilable au verbe vivre), ce n'est pas pour autant mortifère. «Il me semble que ce qui dans les mots de Blanchot m'a aidée à poursuivre, à avancer, précise Leslie Kaplan, c'est que dans ses mots il y a toujours eu, j'ai toujours trouvé, un point d'appui possible, ce qui veut dire : toujours l'aspect double, contradictoire, qui donne une dimension vivante (oui), une tension, au désespoir lui-même, qui l'interroge, justement pas en le repoussant, mais en le maintenant, en le relançant, en le transformant en autre chose.»

Leslie Kaplan, dans ce chapitre des Outils, esquisse une sorte d'arborescence intellectuelle pers