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Libération
Interview

«Pour moi, la production musicale est terminée»

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publié le 24 février 2003 à 22h32

Il fut un temps où le public connaissait Aldo Ciccolini. Aujourd'hui, seuls les mélomanes s'intéressent encore à ce doyen des pianistes né à Naples en 1925. Hostile aux «procédés de cirque», ce tenant du texte pur et du toucher vrai a préféré l'enseignement au Conservatoire de Paris aux tournées que lui offrait son 1er prix Marguerite Long à 24 ans. Avec pour effet des concerts aussi rares que précieux, dont celui qu'il donne ce soir.

Vous êtes un debussyste, dans quel esprit jouerez-vous à Paris le deuxième livre de «Préludes» ?

Pour moi, le secret Debussy est celui du non-créé qui précède le créé dans le bouddhisme. L'Occident et son matérialisme m'incommodent. Si j'avais 40 ans de moins, j'irais vivre au Japon. Je suis amoureux du bouddha de Nara, j'ai éprouvé en le voyant le désir de mourir, comme une délivrance. Debussy, comme Puccini, participe de ma passion pour l'Asie. Pagodes par Walter Gieseking, à Naples avant guerre, fut une orgie de couleurs dont j'ai beaucoup appris. Debussy est un amour d'enfance, au secret impossible à connaître. Ravel est un artisan merveilleux, mais on voit le procédé.

Vous venez d'enregistrer les «Nocturnes» de Chopin. Pourquoi si tard ?

J'ai toujours trouvé les Nocturnes plus exceptionnels que les Quatre Ballades ou les Scherzos, alors je n'osais pas, surtout après Claudio Arrau, même si je les joue dans un style plus spontané, moins déclamatoire. Donner l'intégrale en scène est trop difficile. Mais, en studio, on peut essayer de rendre à cha