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Libération
Critique

Strindberg en somme

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publié le 27 février 2003 à 22h42

Du «théâtre de chambre» : l'expression, utilisée par l'auteur à propos de la Sonate des spectres (1907), est à prendre au pied de la lettre ; elle ne fait pas seulement référence au Théâtre intime, la petite salle de 161 places créée par August Strindberg à Stockholm à l'époque où il fit représenter sa pièce. Elle s'applique au contenu même de la Sonate : un rêve à peu près incompréhensible, où l'étudiant héros d'un fait divers (il a sauvé un enfant et d'autres personnes dans un immeuble en train de s'écrouler) est chargé par un mystérieux vieillard, qui a connu son père, d'aller réserver un fauteuil pour une représentation de la Walkyrie.

Théâtre, sommeil, mêmes illusions, même combat : l'oeuvre de Strindberg est traversée par cette hypothèse, explorée avec éclat dans le Songe (1903), l'une de ses pièces maîtresses. Il est le premier à s'être aventuré aussi loin sur ce terrain, même si d'autres, à la suite de Calderón ou de Shakespeare, avaient montré la voie ; ainsi, de nombreuses pièces de Labiche semblent le décalque presque parfait d'un cauchemar. Et après Strindberg, une bonne part du théâtre du XXe siècle, de Pirandello à Adamov (Si l'été revenait) ou même Sarah Kane (Purifiés) sera hantée par la structure du rêve.

Symboles. Mais une fois qu'on a dit que la Sonate des spectres était un rêve, on n'en est pas plus avancé ­ ou rassuré ­ pour autant. L'histoire, par quelque bout qu'on la prenne ­ ésotérisme, inconscient ­, résiste. Antonin Artaud, qui voulait la mettre en s