Un paso doble triste, une piste de bal déserte et, pour tout décor, des baraques dont les fenêtres ressemblent à des guichets administratifs : tel est le cadre imaginé par le metteur en scène Nicolas Bigards pour évoquer la vie d'un écrivain proscrit et largement méconnu en France.
La biographie de Max Aub, né à Paris en 1903, mort à Mexico en 1972, croise tous les soubresauts de la première moitié du siècle dernier. En 1914, son père, Allemand marié à une Parisienne, s'exile en Espagne. Le jeune Max devient espagnol et c'est dans cette langue qu'il écrira toute son oeuvre. Attaché culturel du gouvernement républicain à Paris en 1936-1937, militant socialiste, ami de Malraux, Aub, réfugié à Paris en 1939, est dénoncé comme un «ressortissant allemand israélite [et] communiste notoire d'activités dangereuses» ; plusieurs fois arrêté, d'abord durant la drôle de guerre, puis par le gouvernement de Vichy, il séjourne dans divers camps d'internement, dont celui du Vernet, en Ariège. En septembre 1942, il s'embarquera à Casablanca pour le Mexique, qui lui a fourni un passeport. Et c'est à Mexico qu'il publiera l'essentiel de son oeuvre poèmes, essais, théâtre, romans et passera les trente dernières années de sa vie.
Portrait éclaté. On connaît surtout Aub en français grâce à ses Crimes exemplaires (éditions Phébus), petit chef-d'oeuvre d'humour noir construit à partir de faits divers sanglants glanés dans la presse mexicaine. Nicolas Bigards, lui, s'appuie sur un autre texte, Man