Menu
Libération
Critique

Cunningham a de beaux gestes

Article réservé aux abonnés
publié le 28 février 2003 à 22h46

Quand le vieux Merce Cunningham (on ne connaît plus son âge) sort une nouvelle chorégraphie, on se demande ce qu'il va encore inventer. Loose Time, dernière création en date, ne fait pas exception à ce qui est devenu une règle. Mais le programme comporte d'autres pièces (deux ce soir, trois ce week-end) qui sont des reprises et, pour certaines d'entre elles, des reprises de reprises. Les plus anciennes, Summerspace et Suite for Five, datent des années 50. L'intérêt de les montrer ici est double. Il permet de les faire connaître aux jeunes spectateurs et, pour les anciens, de comparer danseurs d'hier et d'aujourd'hui. Accessoirement, c'est une bonne occasion de vérifier l'état de sa mémoire.

Fraîcheur. Summerspace, par exemple, véhicule toujours le même enchantement aérien et guilleret. Créé le 17 août 1958, il se déroule dans un décor de Rauschenberg, sur une musique de Morton Feldman enregistrée par John Cage et David Tudor. Le simple rappel de ces noms propres plonge dans une époque où une création de la compagnie Cunningham surgissait sur la scène comme un objet dansant non identifié. L'effet de sidération s'est bien sûr émoussé mais la fraîcheur «soir d'été» demeure intacte.

En revanche, le décor a pris un coup de vieux. Non que la touche all over d'un Rauschenberg aux tons pastel soit démodée. Mais la grande toile de fond elle-même (sa copie, en réalité) s'est fanée, a fripé. Comme un vêtement exposé aux intempéries et dont les couleurs n'auraient pas été ravivées. Avec l