Sébastien Japrisot est mort mardi à Vichy, où il vivait, où il ne buvait pas que de l'eau. Il vivait double, c'est un don qu'ont souvent les gauchers contrariés, ses romans portaient des titres de films, et des films qu'il écrivit, il fit des livres : la Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, Compartiments tueurs, l'Eté meurtrier sont montés vers l'écran ; Adieu l'ami, la Course du lièvre à travers les champs, les Enfants du marais en descendirent en novélisation. Il s'en vendit comme s'il en pleuvait.
Japrisot était né à Marseille le 4 juillet 1931, sous un autre nom, et même deux, son père l'avait déclaré Jean-Baptiste Rossi dans une mairie de Marseille et sa grand-mère, Baptistin du même nom, dans une autre mairie, un autre jour du même été. Il garda un moment ce Jean-Baptiste, y tenait encore lorsqu'à l'âge de 6 ans son père les planta là, lui, sa soeur et sa mère, pour ne plus jamais revenir. La mère continua longtemps à suspendre sur la corde à linge des vêtements masculins pour donner le change dans le voisinage. On confia Jean-Baptiste aux Jésuites, qui lui apprirent à écrire, une seule règle aimait-il à répéter : sujet, verbe, complément. Les histoires, il savait les raconter depuis toujours, depuis qu'il avait compris que la seule façon de faire croire qu'il allait au cinéma était de raconter à la récré les films qu'il n'avait jamais vus. Il quitta l'école, pas la récré, inventa des histoires, aima des femmes.
«A new Flaubert». La première histoire était aus