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Libération
Critique

Très inégal Nicolas de Staël

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publié le 12 mars 2003 à 22h00

Nicolas de Staël est pathétique. Non parce qu'il s'est jeté de la terrasse de son atelier d'Antibes ce 16 mars 1955, saut qui lui fut fatal ­ cela ressortit au malheur privé ­ mais par une conduite d'échec qui a fini par provoquer l'un des plus beaux malentendus de l'histoire de l'art des années 50. Le pathos épaissit toujours une contradiction. Staël aura ainsi réussi à faire une peinture décevante alors qu'il avait peut-être les moyens de produire des chefs-d'oeuvre. Beaubourg présente en dix salles grises et aérées seize années de travail, de 1939 à 1955, à travers plus de 200 oeuvres, en majorité des tableaux de tous formats, mais aussi 80 dessins, moins connus et plus intéressants, ainsi que des gravures et livres illustrés, notamment une encre de Chine pour un recueil de poèmes de René Char.

«En arrière toute.» Arrivant juste après le Néerlandais Bram Van Velde, il est le huitième artiste français de l'anthologie des Classiques du XXe siècle établie par le musée. «Dès 1981, le Centre Pompidou a entrepris de réévaluer la génération qui travailla à Paris après la guerre ­ d'abord dans ses murs, puis au Grand Palais...», écrit le président du Centre, Bruno Racine, en guise de préambule du catalogue de l'exposition de Staël ; justification qui, espère-t-il plus loin, «répondra aux attentes d'un public très attaché à une "priorité peinture"». Avec une exposition Olivier Debré qui pointe à l'horizon, entourée d'un «Chagall» au Grand Palais et d'un «Magritte» au Jeu de paume,