La reine mère Bernadette Chirac aurait-elle fait débarquer le responsable du Mobilier national? Son départ, à huit mois de la retraite, suscite en tout cas l'émotion. 200 conservateurs et un millier d'historiens d'art, d'antiquaires ou de mécènes ont signé une pétition pour dire leur «indignation» et leur solidarité avec un scientifique qui «n'a jamais failli à sa mission de serviteur de l'Etat et de défenseur inconditionnel du patrimoine». Le 1er mars, Jean-Pierre Samoyault a dû quitter le bureau qu'il occupait depuis neuf ans près des Gobelins. Conservateur, il est remplacé par un administrateur : Bernard Schotter, ancien du patrimoine culturel de Paris, venant de la Direction des musées de France, où il a notamment rédigé la «loi musées» du gouvernement Jospin.
Jean-Pierre Samoyault est un homme dont les spécialités s'étendent des écritures anciennes à l'Empire, en passant par Boulle, l'ébéniste de Louis XIV. Il a dirigé le musée du château de Fontainebleau vingt-trois ans, avant d'arriver au Mobilier national. Poste empoisonné, où il faut à la fois servir et conserver. Cet organisme est chargé des collections appelées à meubler les hauts lieux de la République. Son inventaire est rendu problématique par la dispersion des meubles ; il est victime de la négligence et des vols, comme l'atteste la découverte, à la dernière Biennale des antiquaires, d'une commode sortie du ministère de l'Education. Jean-Pierre Samoyault s'est efforcé d'y mettre bon ordre, sans toujours prendre