Drôle de Songe d'une nuit d'été que celui mis en scène à Nice par Krzysztof Warlikowski, figure talentueuse de la scène européenne. Mêlant le sublime et le raté, son spectacle suscite le charme autant que la frustration.
Défilé de mode. C'est le rêve du Songe que semble avoir tenté Warlikowski : une vision somnambulique de Shakespeare. Avec, pour commencer, une scène de noces comme seul le théâtre polonais, depuis Wyspianski, peut en imaginer. Les apprêts du mariage d'Obéron et Hippolyta (et des jeunes gens qui vont s'enfuir dans la forêt) tournent au défilé de mode sous l'oeil de témoins libidineux. Les fiancées Héléna et Hermia, surgies en robes blanches, sont jouées par deux comédiens noirs. Quant à Hippolyta, nue, elle n'a visiblement pas une once de tendresse pour Obéron. Etrange, bercée de musique classique live, cette entrée en matière magistrale est aussi trompeuse que la joie d'Obéron : la suite est plus bancale. Certains partis de Warlikowski (dont la transposition des artisans en train de répéter Pyrame et Thisbé en groupe de jeunes d'une cité, avec tics de langage afférents) semblent bien artificiels.
Diction difficile. C'est surtout la distribution qui pose problème, tant la disparité entre les acteurs semble criante, et les problèmes de diction d'autant plus insurmontables que les voix, non amplifiées, doivent s'accommoder d'un fond musical. Il est à peu près impossible de capter une phrase du Puck qu'interprète la singulière comédienne Renate Jett. Cela vaut pou