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Libération
Critique

Les rêves d'une poupée cassée

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publié le 20 mars 2003 à 22h13

Marys s'appelle ainsi car elle est d'origine italienne. Marisa, l'avait nommée son père, ancien Spahi. Des chaussures jonchent le sol, une poupée est assise en tailleur, une robe de mariée habille un mannequin en bois. Aujourd'hui, Marys porte une jupe sur un pantalon et ses cheveux sont blonds. «Faut pas me prendre pour une bonbonne de trois litres et demi», précise-t-elle. La robe est enveloppée d'un fin linceul. La poupée a l'air cassé : «Alors Jean-Louis MacLaren, le jour où il m'avait accompagnée chez le docteur, il klaxonnait parce qu'il avait une course à faire, il dit toujours qu'il a des courses, mais en fait il va chez sa vieille, je le sais, c'est ça qu'il appelle faire des courses, il va tirer un coup et puis il revient. "T'as pas besoin d'une voiture de course pour celles-là", je lui crie quand il démarre à fond.»

Monologue. Marys est folle, du moins, «elle va comme elle veut à la consultation des fous». L'accent de Marseille, les yeux ronds comme des billes, ses tics ­ un bras qui va et vient de son épaule à son ventre, là où elle a mal ­, sont ses vrais vêtements, comme une marque de fabrique qu'elle ne voit plus tout à fait. Elle se recouvre le visage de talc, met un épais rouge à lèvres avec le bout des doigts et continue son monologue. Sa voix est presque intérieure, fluette et sautante, au rythme des trous d'air dans son cerveau. Comme si, allongée nue dans une baignoire, Marys parlait à elle-même.

Impeccable, Martine Thinières campe une Marys plus vraie que