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Libération
Critique

Machine de paix

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Un doux mélo d'Ostrovski, un des maîtres du théâtre russe, à Gennevilliers.
publié le 20 mars 2003 à 22h13

A l'avant-scène, devant le rideau de fer baissé, les comédiens répètent le premier acte. C'est une «italienne», ils vérifient que le texte est bien mémorisé ; le débit est rapide et le plus neutre possible ; le metteur en scène, ou son assistant, a le texte à la main et intervient en cas d'oubli ou d'inversion de mots. Alexandre Ostrovski (1823-1886), l'auteur d'Innocents coupables, précise que le premier acte est un prologue qui se situe dix-sept ans avant l'action de la pièce proprement dite. C'est une journée maudite pour Lioubov Ivanovna Otradina, jeune femme pauvre d'origine noble : elle apprend simultanément que Mourov, son amant, va épouser sa meilleure amie, et que l'enfant illégitime qu'elle a eu avec lui est mort chez la nourrice à qui il avait été confié.

Dans son antre de Gennevilliers, Bernard Sobel retrouve donc Ostrovski, l'un de ses auteurs de prédilection : en 1966, il faisait découvrir en France Coeur ardent, un texte qu'il a repris en 1995. Entretemps, il y a eu, en 1989, la Forêt, l'un de ses plus beaux spectacles.

Empathie. «Il ne regarde jamais les autres de haut. Cette faculté d'empathie avec l'être le plus démuni, le plus déshérité, le plus différent de soi, me bouleverse.» C'est ainsi que Sobel explique son amour pour celui qui est considéré comme le vrai fondateur du théâtre russe. Dernière pièce d'Ostrovski, écrite deux ans avant sa mort, Innocents coupables n'a pas la violence de la Forêt, ni l'étrangeté de l'Orage, l'un de ses autres chefs-d'oeuvre