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Libération
Critique

«Barbares» d'un monde nouveau

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publié le 24 mars 2003 à 22h16

«On va construire le nouveau chemin de fer, et on va vous la démolir, votre vieille vie», rigole l'étudiant Stépane à la fin du premier acte des Barbares, de Maxime Gorki. Des ingénieurs sont venus de la ville apporter le train dans une bourgade provinciale et donc «désenclaver» ce cul du monde où, insiste Stépane, «quand on regarde les gens on commence à douter de la Russie». A la fin du troisième acte, à l'ingénieur Tcherkoun qui insiste ­ «Le fer, c'est la force qui détruira cette vie imbécile, cette vie de vieilles bûches.» ­, le déjà désabusé Stépane se veut lucide : «Ce n'est pas nous, visiblement, qui créerons du nouveau ­ non, pas nous !» Un acte encore et Tcherkoun comprendra qu'on ne joue pas impunément avec la vie des gens : une femme de la petite ville se tue par amour pour lui. Son nom : Nadejda, ce qui, en russe, veut dire espoir. Les Barbares sont une pièce de 1905, inédite sur une grande scène française.

Spectre. En octobre 1903, Anton Tchekhov, à Yalta, finit la Cerisaie. Au centre, le «marchand» Lopakhine, qui va se «payer» la Cerisaie qui fut toute la vie de Lioubov Ranevskaia, «propriétaire foncière». C'est la dernière grande pièce de Tchekhov, chef-d'oeuvre sublime d'une époque qui s'achève. Très vite, Maxime Gorki écrit à Tchekhov pour qu'il accepte de publier le texte dans la revue qu'il dirige.

Gorki est un écrivain déjà renommé (les Bas-Fonds). Un citoyen frondeur qui a connu quelques ennuis avec le tsar et sa police. Eclate la révolution de 1905. Fusi