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Libération
Critique

Au-delà des écoles

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L'exposition de Chantilly éclaire l'originalité de Jean Fouquet qui mêle apport flamand et leçon italienne.
publié le 27 mars 2003 à 22h22

Vu la rareté des oeuvres présentées à la Bibliothèque nationale mais surtout parce qu'on ne peut imaginer meilleure relance, la visite à Chantilly s'impose. Une exposition temporaire y est organisée dans le cabinet des livres du duc d'Aumale. Divers exemples de l'enluminure pratiquée au XVe siècle donnent un large aperçu sur les contemporains de Jean Fouquet. L'accrochage procède à un partage à la fois géographique (Paris, Rouen et le bocage normand, la vallée de la Loire, région de Fouquet) et matériel, puisque les ouvrages sont regroupés en fonction de leur taille. Les petits ont en général trait à des récits intimes, les gros mettent en évidence les talents de l'enlumineur et l'opulence du commanditaire. Ces manuscrits ont pour principal intérêt de révéler une importante variété de styles et, par conséquent, de mieux mesurer, par comparaison, l'apport spécifique de Fouquet.

Rien ne vaut cependant la visite du santuario du musée Condé pour se faire une idée juste de l'originalité des quarante miniatures provenant des Heures d'Etienne Chevalier. L'ensemble ne représente pas la totalité du cycle, mais donne néanmoins l'occasion d'admirer la complexité du travail. Des loupes, judicieusement proposées, aident à l'observation. Ainsi apparaît un principe qui semble régir l'esthétique de Fouquet et qu'on pourrait appeler le principe non dialectique. Les contraires coexistent en permanence, que ce soit par les couleurs ou dans la composition même. Ainsi des dégradés en camaïeu d'un