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Libération
Critique

Le bonheur est dans le vent de l'Ouest américain

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publié le 29 mars 2003 à 22h25

Dans une ambiance far west, qui évoque plus les photos sepia des pionniers du XIXe siècle qu'un décor de cinéma, la nouvelle pièce de Catherine Anne, le Bonheur du vent (1) revisite la légende de Calamity Jane. Marie-Armelle Deguy, qui interprète le rôle, joue une femme actrice de sa propre vie. Et par là toutes les Jane du monde qui préfèrent «le bonheur du vent au confort des maisons». En pantalon baggy et chemise à carreaux, elle pourrait incarner n'importe quelle affranchie des corsets, kimonos ou saharis. Toute trace de folklore voire de psychologie est estompée pour éclairer un destin de femme à la fois exemplaire et singulier. Pour tout décor, l'espace béant de la scène découverte jusqu'à sa structure de bois originelle, traduit aussi bien l'imagerie ranch que le désir de liberté de l'héroïne faisant voler en éclats les limites de son environnement machiste.

Seule avec son bébé. Jane brave les règles de la bonne société ; elle apparaît, en bordure de scène, seule avec son bébé, dans une cabane figurée par une toile descendue des cintres. Elle boit du whisky, rit, crie à «l'ami» sa passion pour celui qui est parti, jamais vu, ni nommé (même lorsqu'il reviendra l'aimer).

La toile-cabane glisse au centre de la scène et le bébé devient le centre des enjeux.La mère est prête à tout pour l'élever. Un job de serveuse fait l'affaire. Elle le perd. Alors, comme une fatalité, un couple «de gens de la ville serrés dans leurs vêtements» (Xavier de Guillebon et Fabienne Luchetti) en