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Libération
Critique

Michelle Vignes, son tribut aux Indiens

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publié le 31 mars 2003 à 22h26

Wounded Knee est un hameau du Dakota du Sud, mais un haut lieu de l'histoire des Indiens d'Amérique du Nord. C'est là que, le 29 décembre 1890, 300 hommes, femmes et enfants furent massacrés par les soldats américains. Les Sioux anéantis, trois cents ans de résistance indienne prirent fin et l'Ouest fut définitivement abandonné aux colons. En 1973, c'est à Wounded Knee aussi que 300 Sioux Oglala se retranchent, après une série de meurtres racistes, pour dénoncer la violation continue de leurs droits. Ce siège, qui fit sortir les Native Americans des oubliettes ­ et de l'imagerie western ­, est le coeur de l'exposition et du livre de photos de la Française Michelle Vignes. Un travail de trente-cinq ans sur les Indiens, notamment sur les activistes de l'American Indian Movement (AIM), qui livre un témoignage historique sur le redressement d'un peuple.

Alcatraz, Wounded Knee. Lorsqu'elle découvre les Indiens, Michelle Vignes travaille aux Etats-Unis depuis quelques années, après avoir été, à Paris, l'assistante d'Henri Cartier-Bresson. «En 1969, je lis dans un journal de San Francisco que des Indiens occupent l'île d'Alcatraz et proposent de l'acheter au gouvernement pour "24 dollars payables en billes de verre et tissus rouges".» Référence sarcastique à l'achat, trois cents ans plus tôt, de l'île de Manhattan par les colons. «A l'époque, se souvient Michelle Vignes devant sa toute première photo d'Indiens prise en 1968, je pensais encore qu'il fallait montrer des plumes et des