Le jeune homme passe ses journées à lire ou à écrire des pages que les éditeurs lui refusent. La jeune femme lui reproche de ne jamais sortir et de faire fuir leurs rares visiteurs. Ils viennent d’avoir un enfant. Ses parents venus voir le bébé sont aussitôt repartis. Elle sort se divertir avec son amie Marte. La banalité du quotidien bascule dans le drame à mesure que progresse la nuit. Le dramaturge norvégien Jon Fosse fait tourner les aiguilles d’une grosse horloge dans ses didascalies.
Et la nuit chante (1), créé en France par Béla Czuppon à l'automne dernier dans le cadre du festival «Oktobre à Montpellier» notamment, et qu'on peut voir en ce moment dans la mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, au théâtre du Rond-Point, s'ouvre à trois heures moins le quart l'après-midi, pour s'a che ver peu après quatre heures du matin, dans ce temps suspendu entre nuit et jour. L'inquiétude avance avec la régularité d'un métronome.
En digne héritier d'Ibsen, Jon Fosse déjoue le cadre du théâtre naturaliste bourgeois et livre l'espace censément rassurant du foyer aux forces extérieures les plus étranges, dont Baste l'intrus (le seul à posséder un nom) n'est que la première incarnation. Unité de temps et de lieu, le mari, la femme et l'amant : l'architecture assez classique du vaudeville se trouve ici ébranlée par le souffle du hors-scène.
Ce «chant de la nuit» qui fait pleurer l’enfant dans son berceau et poussera le jeune homme, c’est d’abord l’écriture de Fosse elle-même, qui pa