Une terrasse parisienne ensoleillée, près du Champ-de-Mars. Annick Massis est détendue, mais le regard trahit une discipline de fer. Difficile de croire que la soprano française qui vient de faire sensation au Metropolitan Opera de New York, dans un grand rôle belcantiste (Lucia di Lammermoor) toujours associé à la Callas pour la fameuse «scène de la folie» , fut institutrice jusqu'à l'âge de 28 ans. Certes, contrairement au piano et au violon, la voix est le seul instrument qu'il vaut mieux ne pas travailler trop jeune. Mais quelle détermination a-t-il fallu pour finir par convaincre un jour le Times londonien, dans le Faust de Gounod à Covent Garden : «Annick Massis, en Marguerite, mérite plus qu'un paragraphe. C'est la plus pure des sopranos coloratur, avec une habileté presque surhumaine pour ce registre... Du grand art», écrivait notre confrère en novembre dernier.
«Par curiosité». La chanteuse est née d'un père choriste à Radio France et d'une mère cantatrice... qui font tout pour l'écarter du métier, dont ils connaissent les difficultés. La petite Annick écoute cependant les concertos pour violon de Bruch et de Mendelssohn, se passionne pour Joan Sutherland, Maria Callas et Birgitt Nilsson.
Les professeurs lui enseignent l'histoire et l'anglais, jusqu'à la licence. Et elle, à son tour, éveille ses élèves à la musique, en leur faisant écouter l'Enfant et les sortilèges de Ravel. Si elle semble avoir renoncé à la carrière de musicienne, Annick Massis ne peut s'empêcher