Quand Man Ray a proposé à Charles de Noailles de réaliser son film surréaliste les Mystères du château du dé (1929), il précisait : «Ce scénario n'a pas besoin d'être une histoire cohérente...» Un avertissement qui aurait pu servir d'exergue au chaos décousu qui a hanté la villa Noailles de Hyères (Var), devenue château de Kafka de l'après-guerre aux années 80. Ce parallélépipède de cubes modernistes, bâti par Mallet-Stevens à partir de 1924, fut pourtant un sacré ferment de la vie artistique jusqu'en 1933.
Très intentionnellement destinée à Charles et Marie-Laure de Noailles, jeunes mariés aristos, collectionneurs et mécènes, cette maison de béton a fonctionné comme une géométrie d'effervescence créative, dans un surréalisme sans chichis, un peu spartiate, mais surtout fantasque. Elle a fait courir, créer, nager et délirer Pierre Chareau et Francis Jourdain pour le mobilier, Man Ray donc, mais aussi Cocteau, Buñuel, Stravinski, Gide, Poulenc...
En 1970, à la mort de la vicomtesse, cette ancienne ruche bohème, riche de sa vue et de ses visions, est figée sur sa colline. Elle n'intéresse plus personne, sauf les clochards et les gamins. Devenue vestige, elle aurait pu se dissoudre dans les restes cisterciens et médiévaux du site où elle avait été posée. Si la ville de Hyères ne l'avait achetée en 1973. En 1975, l'inscription de la villa à l'inventaire des Monuments historiques marque la première étape d'un inénarrable sauvetage.
Depuis dimanche dernier, «la petite maison dans le