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Libération
Critique

Tim trait pour trait

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publié le 3 avril 2003 à 22h33

Tim, mort le 7 janvier 2002 à la veille de ses 83 ans, reste un caricaturiste célèbre pour un dessin, au moins. Le 27 novembre 1967, en réaction à une conférence de presse où le général de Gaulle qualifie les Juifs de «peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur», il crayonne un déporté à l'étoile jaune derrière des barbelés dans une attitude de fierté napoléonienne. «Ce langage maurrassien, antisioniste au départ, antisémite à l'arrivée, me paraissait abusif, surtout de la part d'un homme qui avait le sens de l'exactitude», expliqua Tim dans son autobiographie (1). L'Express, pour qui il travaillait, refusa le dessin, qui parut finalement en «libre opinion» dans le Monde du 3 décembre 1967, et fit grand bruit, repris par la presse du monde entier.

L'exposition du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme a pour intérêt de replacer ce dessin au milieu de centaines d'autres, puisés dans les archives privées de la famille Mitelberg, nom d'origine d'un homme prénommé Lejzor, né en Pologne en 1919.

Son premier dessin est publié par l'hebdomadaire satirique Szpilki, à Varsovie, il a 16 ans. Trois ans plus tard, Mitelberg arrive en France et s'inscrit aux Beaux-Arts. Mobilisé, fait prisonnier, évadé, il rejoint Londres et la Résistance en septembre 1941. Sous le nom de Louis Mitelberg ou Mitelle, il signe ses premières caricatures d'actualité dans la presse de la Résistance, à Alger, ou dans Action, journal com muniste.

En 1950, il est engagé par l'Humanité comme dessinateur de presse,