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Libération
Critique

Bastia, la BD bien dosée

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Dixièmes Rencontres de la bande dessinée, rendez-vous à la fois pointu et éclectique.
publié le 5 avril 2003 à 22h37

Dans une autre vie, Dominique Mattéi s'est appelée Mme de Tencin ou Mme de Lambert. Du coup, c'est à la mode du XVIIIe siècle que la directrice du centre culturel Una Volta, anciennement philosophe, tient salon, avec la complicité des déluges de marbres polychromes qui ornent les églises baroques de Bastia. Et, comme dans tout salon, c'est autant de l'esprit et du choix des convives que de l'agrément du séjour (soleil, mer, beignets de brocciu) que dépend la réussite.

Laboratoire. Si le premier destinataire des «Rencontres de la bande dessinée» de Bastia est évidemment le public corse (chaque collège ou lycée de l'île envoie au moins une classe), la manifestation s'est élargie depuis 1998 ­ et l'exposition «On a marché sur des oeufs», qui réunissait de jeunes créateurs européens. Si un auteur aussi considérable que David B. a finalement fait son entrée dans les dictionnaires de BD (après avoir été ignoré pendant des années), c'est un peu à Bastia qu'on le doit. Si les médias non spécialisés, abandonnant enfin le western, la SF et les autres genres vers lesquels les portait la mélancolie fétichiste de leur enfance, prêtent attention depuis trois ou quatre ans aux noms du Frémok (structure d'édition franco-belge indépendante), de Bruno Heitz ou Benoît Jacques, Bastia n'y est pas non plus étranger.

Par sa taille, ses choix et les efforts de toute l'équipe, le festival est devenu en dix ans un laboratoire qui se distingue des usines à dédicaces, ou des foires de BD sans ligne édit