Somjit Das Gupta, collectionneur d'instruments à Calcutta, n'aurait jamais imaginé un tel honneur. Son rabab du XVIIIe siècle fait partie de la centaine de pièces qui raconte, à Paris, l'Inde du Nord, du XIVe au début du XXe siècle. Pour un pays dont la tradition musicale ne bénéficie d'aucune politique patrimoniale, l'exposition «Gloire des princes, louange des dieux» résonne comme la réhabilitation d'un art relégué au simple rang d'artisanat local.
Coup scénographique. «Les instruments ne sont pas considérés comme des oeuvres en Inde. Même les plus vénérables des musicologues n'ont jamais prêté une attention particulière à ces pièces qui ont traversé les époques», explique Philippe Bruguière, âme de cette exposition avec son ami hollandais Joep Bor. Ces deux-là ont conçu l'écriture historique de l'Inde du Nord à travers ses instruments de musique comme un vrai coup scénographique, peut-être le premier de ce jeune musée inauguré dans les années 90 par François Mitterrand.
Respectivement conservateur de la Cité de la musique et directeur de recherche au Conservatoire de musique de Rotterdam, Bruguière et Bor partagent un amour sans borne pour la pratique musicale indienne. Le résultat est là. L'exposition évite l'écueil de la présentation exotique, comme celui de la surcharge de références. Conçue comme une balade chronologique, la mise en scène des instruments est accompagnée de manuscrits, peintures et dessins qui donnent à voir le dynamisme musical de l'Hindoustani. Sur une