Los Angeles correspondance
Avec Philip Yordan disparaît non seulement un des grands mystères du cinéma américain, mais un os que ne pourront plus ronger les cinéphiles. Le Mr Arkadin du scénar s'est éteint le 26 mars à 90 ans.
Magouilleur. Né à Chicago, Yordan ne s'est jamais vissé dans le système des studios, préférant dès 1945 monter des coups avec des indépendants tels les King Brothers (pour qui il écrivit Dillinger, tourné par Max Nosseck), William Castle ou le producteur émigré Seymour Nebenzal. Plus qu'un écrivain, Yordan était un magouilleur, et il s'est mis à opérer comme les agences du genre MCA, offrant des package deals et films clés en main, souvent intéressé aux bénéfices. Le maccarthysme a exacerbé son côté gestionnaire : il a servi de couverture à tant de scénaristes black-listés qu'on a fini par l'accuser, comme l'un d'eux (Ben Maddow dans une lettre à Pat McGilligan), de «n'avoir jamais écrit un mot de sa vie». Lorsque Tavernier demanda à André DeToth qui avait écrit son western enneigé Day of the Outlaw, le sardonique Hongrois a contredit Maddow : «J'ai vu, de mon seul oeil vu, Yordan écrire son nom sur des chèques !»
Yordan a reconnu l'existence de ces nègres, dont Bernard Gordon et Maddow, qui a écrit à peu près tous les films d'Anthony Mann attribués à Yordan (dont Cote 465). Reste que son intervention est déterminante sur Johnny Guitar de Nicholas Ray. Lequel pose la question : «Comment Yordan a-t-il eu une si longue carrière et attaché son nom à un ensem