En pleine dispersion de l'atelier d'André Breton, voici une exposition qui remet quelque peu les pendules à l'heure. Elle se fixe, en effet, non sur les restes d'un formidable théoricien-brocanteur. Mais sur une continuité esthétique, une «trajectoire» (comme il est dit en titre). Un fil conducteur est ici tiré entre les XIXe et XXe siècles, époques fertiles à l'expression d'un Moi profond. Mêlant des curiosités naturelles (cristaux, pierres, marbres veineux) à la magie d'expériences scientifiques, les images et les textes (récités, sonorisant l'installation), cette exposition propose une autobiographie du surréalisme, qui ne parle pas simplement la voix de Breton.
Le test de Rorschach. C'est dans une tache d'encre, dans un anonyme «papier souillé», que le dessinateur et pédagogue anglais Alexander Cozens, à la fin du XVIIIe siècle, a trouvé la règle poétique de son art propre. Fascination pour l'usure, le vieux pan de mur marqué, la lecture dans le marc de café... Sur le mur d'exposition, voisinent les planches de la Nouvelle Méthode (1785) tachiste d'Alexander Cozens et les paysages montagneux que cet artiste a dessinés exactement d'après ces planches. Sur les premières, la confrontation franche des masses noires et blanches éradique toute «atmosphère», produisant une image qui est comme le rêve, perçue sans espace et sans temps. L'image nous est étrangement contemporaine. Sur ses dessins plus datés, au contraire, sont soigneusement restitués par la plume de l'artiste, les