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Libération

Une zombiesque curiosité exhumée

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«Le Mort vivant», de Bob Clark à la Cinémathèque.
publié le 11 avril 2003 à 22h45

L'heure du dîner sonne dans une petite ville tranquille des Etats-Unis. Sur la table de la salle à manger familiale, une volaille fumante. Il ne manque qu'un fils pour découper la bête. Voilà qu'un militaire en uniforme sonne à la porte pour annoncer, comme cela arrive ces temps-ci, que le soldat Andy ne reviendra jamais à la maison. Les parents pleurent et prient. Surprise, au matin, le fils prodigue donné pour mort ressurgit, miraculé. Le bonheur parental va être de courte durée. Le vétéran est un mort vivant, qui a besoin de sang pour vivre.

Iconoclastes. En 1972, quatre ans après la Nuit des morts vivants de George Romero, le moins célèbre Bob Clark tourne Dead of Night (le Mort vivant). Fauché et mal fagoté, ce petit film d'horreur psychologique est pourtant l'un des premiers à aborder de manière métaphorique le traumatisme de la guerre du Vietnam. Coming Home (Hal Ashby), Who'll Stop the Rain ? (Karel Reisz) ou le célébrissime Voyage au bout de l'enfer de Michael Cimino, n'arriveront que six ans plus tard. C'est déjà une drôle de période pour le cinéma américain, celle où une génération de jeunes iconoclastes prend (brièvement) le pouvoir à Hollywood, mais surtout celle du doute et de la mauvaise conscience qui culmineront après le Watergate et la chute de Saïgon.

Privé de drive-in. Sans être une des manifestations les plus probantes de la tendance «errance et déprime» du cinéma américain des années 70, cette série B sans le sou est un symptôme troublant du refoulé de l'