Le surnom «Foofwa d'Imobilité» attrapé par le Suisse Frédéric Gafner dans l'illustre studio de Merce Cunningham à New York sonne on ne peut mieux. Il semble se destiner à bien des folies chorégraphiques. Ce fut le cas avec un des solos de l'artiste que l'on avait pu voir à la Ménagerie de verre. Auto-alimenté par un circuit de tuyaux, le danseur racontait comment il avait pu être façonné par sa formation et comment il pouvait échapper, ou non, à ce dressage corporel.
Dans le quatuor proposé à la Minoterie, par Marseille Objectif Danse, une association qui accompagne avec une obstination louable tous les mouvements con temporains, Foofwa s'est beaucoup assagi. Le chorégraphe se livre à une sorte d'étude comportementale. Comme s'il s'agissait de dessiner à grands traits les gestes monomaniaques des enfants de ce siècle, il robotise les corps. Les danseurs sont transformés en personnages virtuels pour des jeux vidéo on ne peut plus bas de gamme, pour des plateaux télé criards, pour des fornications à la chaîne.
L'adieu au corps. Mais ce spectacle n'aide guère à ouvrir le débat sur «l'adieu au corps», le clonage et la gestuelle de masse dictée par les médias. On en reste au constat. Foofwa constate donc que le corps est pris dans des automatismes qui deviennent presque des réflexes. Le corps a la forme d'un canapé pour s'endormir devant la télévision, il se déplace par saccades comme les personnages de jeux vidéo. Il n'a plus accès à l'érotisme, mû mécaniquement par les secousses