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Libération

Salah al-Hamdani, enragé volontaire

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Poète irakien, exilé depuis trente ans, il écrit en arabe et en français.
publié le 12 avril 2003 à 22h46

Il y a longtemps que Salah al-Hamdani n'a pas revu Bagdad mais sa poésie y retourne tous les jours, toutes les nuits : «Il n'y a pas une nuit qui passe/sans que je sente ma chair mettre cap sur Bagdad» chantent ses vers. Avec, parfois, des accents prophétiques : «J'ai vu/la joie d'antan danser/au-dessus des ailes en sommeil/pénétrant discrètement Bagdad comme un doute qui s'étire/jusqu'à perdre la raison», écrit-il dans un de ses derniers recueils (1).

Salah al-Hamdani a quitté l'Irak pour la France en 1974, il avait 23 ans. Cinq ans plus tard, il jouait le rôle central d'Enkidou dans Gilgamesh, la grande épopée sumérienne, dans la mise en scène du génial Victor Garcia au Théâtre national de Chaillot, un spectacle phare du Festival d'automne. Homme de scène, il a servi Copi, dirigé une troupe en Espagne, fait une tournée avec El-Hakawati (le théâtre palestinien de Jérusalem), on l'a vu dans des films, des téléfilms, mais la poésie reste son gagne-vie (brancardier au CHU du Kremlin-Bicêtre fut un de ses gagne-pain). Hier en arabe, aujourd'hui aussi en français. Un samedi récent où il manifestait à Paris contre la guerre, une bande d'Irakiens pro-Saddam lui est tombée dessus à coups de pied et de poing (Libération du 4 avril 2003). «Bagdad était mon amour/et ma malédiction», écrivait-il dans l'Arrogance des jours. La poésie est sa sauvegarde.

«Mon Irak.» Si sa famille compte des poètes depuis le XIVe siècle, si son ancêtre Abou Firas al-Hamdani a été chanté par Oum Kalsoum et ho