Le libraire Jean-Claude Vrain a tenu la vedette lors de la vente de la librairie d'André Breton, raflant plus de 200 lots, poussant constamment les enchères, faisant aussi le spectacle dans la salle à l'occasion.
«A la découverte des catalogues, j'ai ressenti un choc. Je ne m'attendais pas à une si grande quantité de livres, objets, photographies, manuscrits, mais surtout je n'aurais jamais imaginé tant de diversité, de choses complètement inattendues, insolites. On aurait pu croire que Breton avait conservé essentiellement des livres de poésie, ou ceux de ses amis surréalistes. Ils y étaient, mais parmi des milliers d'autres choses. Pour moi, c'était découvrir un autre Breton, différent de l'image colportée dans la librairie parisienne : on entend dire qu'il avait recopié des manuscrits pour les vendre, qu'entre surréalistes, les envois étaient devenus un jeu et qu'il ne fallait pas leur accorder trop d'importance. Bref, le dénigrement allait bon train, et ce n'est pas fini. En outre, les dernières grandes ventes surréalistes, celles de Tzara, Matarasso, s'éloignaient, et la passion qui les avait accompagnées s'atténuait. Le surréalisme traversait une petite période de glaciation. Breton lui-même, le chef d'école, était au centre des attaques et les difficultés de sa fille à trouver depuis plus de vingt ans un refuge digne à la collection illustrent cette traversée du désert. Nous étions tous saisis par le doute.
La vente a été l'occasion d'une nouvelle volée de bois vert : l