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Libération
Critique

Les drôles de lubies de Norman Gaby

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publié le 15 avril 2003 à 22h50

Un bol d'air frais : Norman Gaby nous épargne les croisades militantistes et les leçons de morale en prime-time. Avec une décence confinant à l'élégance, ce duo rouennais propose l'insouciant farniente d'un premier album, Requin des îles, qui rappelle avec humour et dérision l'ultime valeur refuge dans l'étau matérialiste : savourer un verre au fond d'un swing languide, doigts de pied en éventail, s'attarder dans ce rocking-chair sur la guitare de Thomas Du tronc, ou sui vre sur un rythme psy ché délique la course du soleil qui se couche.

Le décor ainsi planté ­ petite brise, reflet corail sur les pom pes en croco ­, on reçoit le message de ces nouveaux idéalistes : «Pourquoi ne pas mettre de la poésie dans son quotidien ? On essaie. Et même si le coup de massue n'est jamais loin, cela ne nous empêche pas de continuer à penser ainsi», affirment-ils. Quand le brun (Norman Langolff) commence une phrase, le chauve à barbichette (David Concato, alias Gaby) la termine. Requin des îles, kezako ? «Le paradoxe de se trouver sur une île et de ne pas pouvoir se baigner à cause du danger qui rôde. Au départ, c'est une métaphore sur une fille, la vie en couple, etc. Puis on s'est aperçu que le terme englobait plus de monde : requins de studio, de la finance...»

Marginaux. Nés en pleine explosion beatnik, les trentenaires Norman (chant, guitare, basse, programmations) et Gaby (batterie, claviers) ont déjà passé les trois quarts de leur vie ensemble. Dans les années 70, leurs parents formai