La cigarière est de retour. Non qu'elle ait jamais quitté les planches, ni les platines laser, Carmen restant avec Aïda l'opéra le plus joué dans le monde. Mais disons qu'elle refait parler d'elle. A travers un DVD du festival de Glyndebourne, qui voit Anne-Sofie von Otter incarner à sa charmante manière l'héroïne de Bizet. Mais également au Stade de France, où la jeteuse de sorts donne rendez-vous le 20 septembre à un public qui n'envisage plus d'écouter la musique qu'entouré de 80 000 personnes. Enfin, avec un triple CD qui s'impose comme la meilleure version discographique gravée depuis 1978, date de la parution du célèbre enregistrement de Claudio Abbado, avec Placido Domingo et Teresa Berganza dans le rôle-titre.
Leçon de style. C'est que Carmen a beau susciter pléthore d'enregistrements, très peu sont recommandables, hormis celui d'Abbado et, désormais, celui du Capitole de Toulouse dirigé par Michel Plasson, avec Angela Gheorghiu en Carmen et son époux Roberto Alagna en Don José. La soprano roumaine, qui s'est imposée en moins de dix ans comme la chanteuse vériste de sa génération Violetta (la Traviata) et Mimi impériale (la Bohème) sur la scène de Bas tille, Floria Tosca récemment au cinéma , allait-elle reprendre le flambeau ? Facile de sombrer dans la vulgarité, de poitriner dans les graves, d'en faire des tonnes dans Carmen. Si le son et la couleur évoquent Callas, la technique est aux antipodes : registres subtilement liés, diction quasi parfaite, catalogue de