Parapluie dit : «Je n'ai jamais connu un jour aussi éteint que ce jour.» Parasol lui rétorque que, oui, ce fut bien «un jour de saison-pluie», hors norme, qu'ils eurent ce jour-là, où Pitagaba, roi du ring et roi du carnaval, continua de danser dans le silence. Les dockers avaient mis le port en panne. Et les habitants du quartier Port furent soudain sous les bombes. Et Pitagaba tomba. En pleine fête, et comme personne ne sut dire ce qui se passa au moment où des gens en cagoule piétinaient «des choses qui leur ressemblaient, chair et sang», alors on parla de listes de disparus et de population déplacée. Les journaux traduisirent par «événement» ce carnaval où Pitagaba sombra dans le coma.
Fausses lèvres. Quelque part en Afrique, au bord de l'Atlantique, souvenirs d'un novem bre funeste. C'est un peu à la manière de Nathalie Sarraute que le dramaturge Kossi Efoui laisse parfois flotter et se propager ses phrases en les ponctuant de trois petits points... Ecrivain né au Togo en 1962, il a étudié la philosophie, avant de composer dix pièces de théâtre et de publier deux romans, la Polka et la Fabrique de cérémonie. Kossi Efoui est de ceux qui inventent des mondes, des architectures féeriques et impeccables de mots, de sons, de formes ou de pensées.
L'Entre-deux rêves de Pitagaba conté sur le trottoir de la radio : rien que le titre de la pièce donne envie d'aller voir ce que le quatuor d'acteurs dirigé par Françoise Lepoix fomente de surprenant et poétique entre les piliers de b