Menu
Libération
Interview

Enzo Mari : «Le design, c'est stimuler les consciences»

Article réservé aux abonnés
L'Italien Enzo Mari à l'honneur au Salon :
publié le 17 avril 2003 à 22h51

A peine venait-il de présenter à Paris vases et coupes Mémoire d'une fleur pour Daum, que l'on retrouvait l'inflexible Enzo Mari, 70 ans, partout à Milan. Ce n'est pas un retour, puisque le designer italien n'a jamais disparu, mais une réaffirmation en force de son langage. Lui qui, pour Danese, créait en 1958, Putrella, pièce emblématique semi-finie, bel hommage à la structure d'acier brute, participait donc au grand karaoké du design qu'il dénonce avec véhémence. Mais avec un répertoire cohérent : chaise Pop pour Magis, tables et sièges pour Thonet, lampes Tela pour Artémide, des chaises et des tables encore pour Muji. Toutes ces pièces sont des archétypes. Artiste, linguiste, toujours marxiste, il fait rimer design, poésie et éthique.

Etes-vous toujours en guerre ?

Je suis en guerre, totale. Contre un esprit général, qui fait dire j'aime ce matériel-là, j'aime cela plutôt que ceci. Je n'aime rien. Enfant d'une famille pauvre, j'ai dû étudier et travailler en même temps. La nuit, mes études aux Beaux-Arts de Milan, le jour, tous les métiers du monde. J'ai depuis une vision des ouvriers comme une aristocratie des temps modernes. Puis, dans le Milan de la reconstruction des années 50, j'ai fait partie d'une génération qui rêvait de la Citta Novelle, d'une ville moderne pour changer le monde. Aujourd'hui, je continue à faire cette guerre-là, à souhaiter changer le cours des choses. En matière de vision du monde, je n'aime pas le pacifisme.

Quel est l'enjeu de votre bataille ?

Je défends le travail fait à la main, pas dans l'artisanat forcément,