Menu
Libération
Critique

Dans les petits papiers de Picasso

Article réservé aux abonnés
A Paris, une expo souligne le goût de l'artiste pour la presse, qu'il décortiquait, découpait, détournait...
publié le 21 avril 2003 à 22h56
(mis à jour le 21 avril 2003 à 22h56)

Heureuse surprise : pour Picasso, les journaux sont manifestement de la matière grise. En témoigne l'une des premières pièces de l'exposition, griffonnée au crayon gras sur une feuille déchirée de la revue Pan (1911). C'est une palette qui ressemble à un crâne et dedans, l'artiste a tracé les lettres majuscules PICASSO, ARTISTE PEINTRE, 11 BdD (sic) DE CLICHY, PARIS. L'intrication du papier imprimé, de la tête-palette et de la carte de visite construit ici une identité inédite de Picasso, incroyablement productrice tous azimuts. Songez : pour être «artiste peintre», il a fallu que Picasso sorte de la peinture, qu'il s'intéressât à des matériaux extra-picturaux. Mais pas n'importe lesquels. Il s'est attaché toutes les potentialités de ce matériel «ready-made» qu'est le journal, lien évident avec l'actualité. L'exposition démontre que l'artiste s'est totalement investi dans cette actualité. Picasso, peintre et journaliste ? On peut rêver sur une possible association bilingue du mot anglais de «tabloïd», quotidien, avec le terme français de «tableau».

Divisée en quatre sections, l'exposition, sobrement installée sous les combles du musée Picasso, célèbre (avec des prêts de collections particulières, notamment la famille Picasso) les trente ans de la mort de l'artiste par la présentation de petits riens, de feuilles fragiles, de constructions précaires et de photographies un peu voilées. Le papier journal est ici traité dans l'ensemble de ses fonctions picassiennes.

Géopol