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Libération
Critique

Thomas Bernhard entre hilarité et naufrage

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publié le 29 avril 2003 à 23h03

Il y a Dene, qui se contente de deux phrases dans la bouche d'une aveugle : ce très bref rôle qu'elle va jouer lui garantit d'offrir, dit-elle, trois minutes d'excellent théâtre. Et il y a Ritter, la soeur de Dene, également à même de monter quand bon lui semble sur les planches du théâtre Josefstadt. Toutes deux ont là une perpétuelle porte ouverte... pour la seule raison que leur oncle fut actionnaire majoritaire et directeur de cet établissement viennois.

Dactylographie. En l'occurrence, elles ne paraissent guère surmenées par la scène. Ritter feuillette des journaux tout le clair de son temps, en buvant du vin blanc tandis que Dene s'est vouée au service de leur frère, dit Ludwig mais prénommé Voss. Voici des mois et des années qu'elle lui rend visite sur visite à l'asile psychiatrique de Steinhof et qu'elle dactylographie ses écrits philosophiques. Voilà qu'elle a décidé de le faire sortir de l'hôpital pour venir vivre dans cette maison qui fut celle de leurs parents. Dene est sûre que ce sera bien ainsi. Ritter, elle, a peur.

La nouvelle traduction du Déjeuner chez Wittgenstein, établie dans un langage très fluide par Patrick Démerin, fait référence au titre initial Ritter, Dene, Voss, nom des trois acteurs autrichiens qui créèrent en 1984 cette pièce de Thomas Bernhard. Du même, le Neveu de Wittgenstein oscillait déjà entre hilarité et désastreux naufrage.

Chausse-trappes. Avec ce Déjeuner en forme de trio presque incestueux, l'Autrichien qui maudissait l'Autriche enfonc