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Critique

Florentz, force de la nature

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Le compositeur-ornithologue publie un album réunissant deux oeuvres d'inspiration humaniste.
publié le 3 mai 2003 à 22h51

Il aura suffi d'un CD, paru il y a cinq ans, regroupant les Jardins d'Amènta et le Songe de Lluc Alcari, pour que Jean-Louis Florentz s'impose comme le plus brillant symphoniste d'aujourd'hui. L'homme, né il y a cinquante-six ans à Asnières (Hauts-de-Seine), est pourtant loin d'être une star des médias et n'a pas de concept révolutionnaire à vendre. Il se contente de reprendre l'écriture pour orchestre, là où Debussy, Dukas, Ravel, Koechlin, Messiaen ou Dutilleux l'ont portée : à ce point de fusion de l'harmonie et du timbre où la musique devient la voix de la nature. Les écoles, mouvements, chapelles ? Autant demander au Douanier Rousseau ce qu'il pense de l'expressionnisme abstrait. Ce qui inspire Florentz, c'est l'épiphanie de la nature, qu'il approche en scientifique et en humaniste, n'hésitant jamais à rappeler qu'il fut ornithologue, entomologiste et ethnologue «bien avant de commencer la musique».

Souffle romantique. Messiaen, dont il fut l'élève au Conservatoire à la fin des années 60, conseilla au jeune Florentz d'ignorer le totalitarisme post-sériel étouffant de la musique européenne. Du Niger, de la Polynésie, de l'Egypte, de la savane et des tropiques, Jean-Louis Florentz ne cesse, depuis cette date, de revenir transformé. Foisonnement de timbres sensuels porté par un souffle romantique, accords larges et tendus sur un lit de polyrythmies, sa musique est naïvement émouvante. En 1999, il achevait l'Anneau du roi Salomon, commande de l'Orchestre national de Lyon, cr