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Libération
Critique

Joakim investit «la Maison Usher»

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publié le 3 mai 2003 à 22h50

C'est un échalas d'au moins deux mètres, au regard myope et aux gestes désordonnés. Joakim Bouaziz n'a pas le profil du nightclubber. On le sent victime d'un intarissable appétit de connaissance, doublé d'une bonne dose de candeur. Fantomes, son deuxième album, détonne dans le paysage «électronique» français. Ce n'est ni de la techno, ni de la house, encore moins de l'electronica, mais un cadavre exquis raffiné où des univers parfois très différents se juxtaposent avec humour et poésie. Il faut remonter au disque de Zend Avesta, il y a trois ans, pour retrouver une même singularité. Si ces deux hommes, comme leur musique, sont différents, une semblable ambition les anime.

Conservatoire. Joakim (il a gardé son seul prénom pour la scène) est un enfant du conservatoire. Dix-sept ans de piano à Versailles ­ «après je n'avais plus le choix, devenir concertiste ou tout arrêter». Trop dissipé pour la voie académique, ce diplômé de HEC (qui n'est donc pas qu'un doux rêveur) découvre les machines le jour où un camarade de classe laisse un synthétiseur dans sa chambre. «Je n'ai plus cessé de tripatouiller depuis.» Les premiers essais sont cafouilleux. «Je me suis laissé emporter par cette apparente simplicité de composition.» DJ Gilb'r, ex de Radio Nova et manager audacieux de Versatile, un des derniers labels survivants de la French touch, l'encourage.

Sous le pseudonyme pompeux de Joakim Lone Octet, il croit trouver sa voix en pionnier du jazz électronique. Un album sort en 1999, mais