La jeune femme dit que son frère a écrit au gouvernement britannique ; que si elle rentrait elle serait de façon quasi certaine enlevée, pour être incarcérée avant d'être abattue d'une balle.
La jeune femme dont on ne connaîtra pas le prénom a dû quitter son pays d'Afrique, on ne saura pas lequel, pour avoir écrit un article critique envers le régime. Et parce qu'à la suite de cette publication sa famille entière a été massacrée, y compris son bébé. Quant à elle, trois soldats l'ont violée. La voilà dans un premier centre de détention, à devoir justifier son entrée sur le territoire, ses faux papiers. Première station d'un long calvaire, roulement de percussions sous les doigts de Julien Goualo.
Entre les piliers du Terrier, salle basse et noire du théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis, clôturée pour l'occasion par des barrières métalliques, l'actrice Nadège Beausson-Diagne se lance à corps perdu, et à voix de toutes les couleurs, dans un marathon où elle se raconte en fuyarde traquée, en demandeuse d'asile face à des agents de l'immigration dont elle mime les expressions et imite la voix. Une seconde c'est elle qui parle, la minute d'après, c'est l'autre.
Dialogue de sourds. Leur dialogue se dévide, dialogue de sourds. Changements de registre, glissements de ton. Elle repart dans le récit. Et se pointe un imaginaire et très réel personnage d'avocat : autres accents, autre dégaine, soudain rendue présente. Se fait entendre cette espèce de bonne volonté un peu automatique et trè