Menu
Libération
Interview

«Le retour à une Histoire imaginaire»

Article réservé aux abonnés
publié le 6 mai 2003 à 22h54

Werner Sewing est sociologue de l'architecture à l'université des beaux-arts de Berlin. Il est l'un des rares en Allemagne à décortiquer le phénomène des reconstructions historisantes.

Qu'est-ce qui prend les Allemands à vouloir rebâtir la Prusse ou d'autres bâtiments historiques depuis longtemps disparus ?

Ce n'est pas un phénomène spécifique, mais une tendance générale, que l'on observe de la Russie à la Californie. A Moscou, face à la cathédrale du Christ sauveur (1), on ne sait déjà plus s'il s'agit de la cathédrale du XIXe siècle, fraîchement rénovée, ou bien un tout nouveau bâtiment, comme c'est le cas, en béton, avec parking souterrain. La «nouvelle Russie» s'est remise à construire aussi bien des immeubles staliniens que des palais de l'époque tsariste. En Grande-Bretagne, c'est le prince Charles qui construit des «villages urbains», en style rétro. Sans parler bien sûr des Etats-Unis avec le revival du style colonial. C'est donc tout un mouvement international, qui avance sous la bannière «new urbanism» ou «new classicism», avec des prophètes un peu partout : le Luxembourgeois Léon Krier, le Belge Maurice Culot... En France, il existe également un mouvement néotraditionnel qui construit dans le style Haussmann. Si les gens trouvent ça beau, où est le problème ? C'est ce que disent aussi souvent mes étudiants. Ces villes à l'ancienne seraient plus agréables à vivre, plus «écologiques»... Le problème est justement que nos défenses immunitaires s'émoussent. A Berlin, qua