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Libération

Prusse et coutumes

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L'Allemagne multiplie les reconstructions à l'identique de bâtiments détruits. Entre nostalgie traditionaliste et thérapie postcommuniste.
publié le 6 mai 2003 à 22h54

Berlin de notre correspondante

Au n° 1 boulevard Unter den Linden, la plus prestigieuse avenue de Berlin, on voit une structure de béton, un mur de parpaings et des raies de goudron noir pour colmater les fenêtres. D'ici à l'automne, ce sera un palais prussien de 1874, avec aigles et lauriers. Le béton aura disparu sous le stuc : la Kommandantur, ancienne résidence du commandant des forces prussiennes, sera de retour à Berlin, reconstruite par Bertelsmann, l'empire allemand des médias, qui a succombé à la passion allemande des reconstructions.

Frénésie. Après 1945, la RFA avait déjà rebâti pas mal de bâtiments endommagés par la guerre, le château de Stuttgart, celui de Charlottenburg, ou des ensembles disparus comme le Römer de Francfort. La RDA s'y était mise aussi, dynamitant les bâtiments les plus symboliques de «l'absolutisme prussien», mais réparant des reliques prussiennes à Berlin : l'Opéra, le palais des princes ou même l'arsenal... La mode était lancée. Depuis la réunification, c'est devenu une frénésie nationale.

Contre-courant. A Berlin, l'hôtel Adlon vient de réapparaître, orange pétant sous des toits verts. Ce sera bientôt le tour de l'Académie d'architecture et du château des rois de Prusse, si personne ne stoppe les Berlinois dans leur cavalcade à contre-sens de l'Histoire. «J'ai bon espoir qu'on entame le château en 2005 pour l'achever en 2010, pour le 20e anniversaire de la réunification, explique Wilhelm von Boddien, lobbyiste en chef du château et nostalgique