«La scène est fermée sur les deux côtés et au fond par des toiles où sont peints de grands arbres feuillus de manière réaliste. Un tulle transparent peint avec les mêmes motifs descend parfois fermant la scène devant. A la toute fin du spectacle, ces toiles peintes seront remplacées par d'autres où n'apparaissent que des arbres coupés.» Ainsi s'ouvre la Forêt (1), mise en scène par Piotr Fomenko à la Comédie-Française, du moins certains soirs et pour une partie du public seulement. Cette citation n'est pas extraite de la pièce d'Alexandre Ostrovski, mais de l'audiodescription proposée aux spectateurs malvoyants ou aveugles par l'association Accès Culture (2).
Casque infrarouge. Inspiré d'une pratique courante aux Etats-Unis, ce procédé a été introduit en France en 1989 par les pionniers de l'Association Valentin Haüy (AVH) pour le cinéma. Techniquement élémentaire une bande enregistrée diffusée par un casque à infrarouge , l'audiodescription consiste à fournir aux déficients visuels ce qui n'apparaît ni dans les sons ni dans les dialogues. «Il s'agit de décrire tous les aspects visuels du spectacle de la façon la plus précise et la plus neutre possible. On ne peut pas tout dire car il faut se caler dans les silences et les intervalles entre les dialogues. Cela implique de faire des choix. Parfois, on dispose d'à peine quelques secondes pour mentionner un geste ou une sortie», explique Graciela Cerasi, Argentine installée en France depuis plus de vingt ans, qui réalise les