Pour saisir d'un geste l'esprit du Kunstenfestivaldesarts, qui chaque printemps allume les quatre coins de Bruxelles, on peut évidemment sauter dans un de ces «taxithéâtres», qui sillonnent la ville sous la conduite de l'artiste allemande Anne Marina Pleis. Mais il faut surtout profiter de l'éclatement géographique du rendez-vous, sur près de vingt lieux, pour en arpenter l'espace physique, s'y perdre et jouir de l'anarchie urbaine qui fait de Bruxelles vue de Paris toute proche une ville incroyablement exotique.
«Cheval de Troie». Un chantier en perpétuels émergence ou abandon où vivent des communautés qui, au mieux, s'ignorent. A commencer par les Wallons et les Flamands mais aussi les Marocains, les Africains, les «communautaires», l'Otan, etc. qui, jusqu'au récent dérapage du ministre de la Culture wallon (Richard Miller avait qualifié le Kunsten de «cheval de Troie» des Flamands), se retrouvaient exceptionnellement pour financer à part égale le festival (Libération du 21 mars).
C'est dans ce contexte communautariste que Frie Leysen, globe-trotteuse impénitente, tient le pari depuis 1992 d'ouvrir grand les frontières de la création. Avec des artistes du monde entier et de toutes les disciplines (théâtre, danse, arts visuels, installations).
Touche escape. Au Kaaitheaterstudio's par exemple, on a pu découvrir le troublant cyberthéâtre d'Edit Kaldor. L'écran bleu hypnotique de son ordinateur envahit presque tout l'espace, au point que chacun se retrouve le nez dessus.